Raid Valais Tessin – Du 26/3 au 1/4 2022

Publié le 24 avril 2022 par Claire

Jour 1 : Fiesch – Mittleberghütte

Après une folle soirée passée dans les lieux les plus huppés de la charmante petite ville suisse de Fiesch, voici arrivé le moment de partir pour notre semaine de ski de rando en itinérance à travers le Valais et le Tessin. L’équipe est au complet : Alex, Claire, Sévak, Guillaume, Jérôme et Clémence.

Ne faisant qu’un avec ses tongs comme à toutes ses vacances, Guigui fait un aller-retour avec sa voiture pour nous permettre de démarrer au plus près du départ de notre itinéraire, à Fäld.

Il fait frisquet sur le parking ce qui nous vaudra la 2e citation culte de la journée : « Mon thermomètre, c’est mon nez » dit Sevak.

Nous voici enfin partis, nous remontons tranquillement le magnifique vallon de Binntal finalement pas mal enneigé, alternant forêt de mélèzes et alpages. Les températures grimpent au soleil.

Le compte rendu de la journée m’est rapidement attribué après l’éjection, dès la première pause de la journée, de mon boitier de lunettes de soleil dans la Binna, affluent du Rhône. Si quelqu’un le retrouve dans la méditerranée…

Deuxième point à la deuxième pause quand je découvre que mes tout nouveaux crampons aux pointes acérées sont en train de trouer le fond de mon sac… Bref, un festival dès le 1er jour !

Le paysage s’élargit et nous arrivons aux pieds de pentes plus raides, nous apercevons notre refuge accroché au pied du Mittlebärg. Il fait chaud, on sort les couteaux. Les conversions s’enchainent et nous finissons notre grimpette les skis à la main sur le chemin d’été.

Le refuge (Mittleberghütte, 2395m) est petit et très joli et nous sommes finalement tout seuls avec Caroline, la gardienne suisse un peu « punk » et polyglotte. L’accueil est parfait, nous profitons de la terrasse ensoleillée avec vue grandiose toute l’après-midi : philosophie avec Jérôme, histoire de la Suisse avec Caroline et exercice de mouflage avec Alex… Cette sérénité est seulement troublée par la projection d’une crotte de choucas suisse direct dans le sac de pique-nique de Guillaume.

Premier plat de pâtes du séjour avec Caroline puis c’est l’heure du coucher et de la question cruciale : qui ronfle ??

 

Clémence

 

Jour 2 : Mittelnbärghütte – Refuge Claudio e Bruno

Ça pass ou ça pass pas ?!

 

Pour ce 2nd jour, direction l’Italie et le refuge Claudio e Bruno !

Et en ces jours encore particuliers du à un virus joueur, il faut avoir ses papiers en règle pour l’accès au refuge : QR code prouvant, injection sur injection, son appartenance à la confrérie !

Et, bien évidemment, tout aussi joueur que le virus, je m’aventure confiant munis de mes QR code divers aux identités variées.

 

C’est sans compter sur le doute que nous instille insidieusement Caroline, la gardienne du refuge de la veille. En Italie, ils contrôlent… Déglutissements multiples…Bon, chaque chose en son temps, profitons de la journée, très belle météo annoncée !

 

Claire nous emmène dans une traversée à flanc au dessus du refuge en direction d’un large vallon. Au fond, direction le Passo del Sabbione (2900 m) à partir duquel se découvre notre objectif sommital, la Punta d’Arbola (3235 m) et la descente à suivre. Le col se traverse avec un peu d’attention à cause d’un passage rocheux délicat. Puis l’ascension finale vers un sommet que l’on qualifiera d’encombré au vue de la fréquentation du séjour et à la vue exceptionnelle aux 900 sommets alentours!

 

Première journée de descente à ski, très agréable, qui nous ramène à environ 200 m de dénivelée sous le refuge. Une dernière montée poussive, où il faut naviguer entre les langues de terre pour arriver skis aux pieds au refuge ! Une large terrasse vide nous accueille pour une restauration bien méritée vers 14h00.

 

L’heure de vérité approche… dormira dedans ou dehors ?! Jérôme s’aventure à l’intérieur ; « J’ai été contrôlé mais sans la carte d’identité ». Tout est bon à prendre, je pars à la sieste sans passer par la case salle à manger.

La sieste porte conseil. Je réalise que mon pass principal n’est très probablement pas valide ! Une histoire de jours de carence… Je reste donc sous la couette…en réflexion… comment justifier mon identité ?!

– « Bah, Sévak, descend, tu ne vas pas rester là ! »

Tout compte fait, c’est bien vrai, il faut descendre !

Entrée au réfectoire, rien ! Apéro, rien ! L’heure du repas approche, et soudain, contrôle général des pass !!! Une pensée : « Sévak, choisi le bon ! » ; scan… demi-seconde d’attente insupportable…vert ou rouge ? C’est ROUGE ! Pas normal tout ça, dis-je, essayez donc celui-là ! ROUGE ! Bon, ben… heu…Et d’un geste conciliant et complice, notre contrôleur général me fait comprendre que cela n’a aucune importance !

Tout ça pour ça ! Stress inutile ! Ce qui se vérifiera aussi dans la suite de notre périple ! Une histoire qui nous aura bien fait cogiter et rire.

 

On continue par un repas digne d’un refuge italien, avec un combo pâtes – polenta qui nous laissera rassasiés ! Un verre de génépi nous assurera une nuit tranquille avant la journée du lendemain…

 

Sévak

 

Jour 3 : Refuge Claudio e Bruno – Refuge Maria Luisa

Plus c’est long, plus c’est bon. 24Km, 10h de vadrouille et 3000m de D+/-

Tout commence bien par la montée au Blinnenhorn (3374m) qui se situe au-dessus de refuge Claudio e Bruno. Nous croisons un lièvre blanc, troisième apparition de Merlin l’Enchanteur après l’hermine et le lagopède des jours précédents. En haut la vue est magnifique, nous sommes seuls et on peut manger du « Haribo c’est beau la vie ».

Ensuite, très longue descente sur un glacier avec une neige franchement bonne. On se régale !

A partir de là les choses se compliquent, nous devons passer le Griespass. Le ciel s’assombrit et Gandalf le Gris surgit devant nous ! VOUS NE PASSEREZ PAAAAS. Détends-toi mon garçon… à force de peautage, dépeautage, repeautage, poussage, marchage, portage, trainage, filoutage nous abordons progressivement la redescente du col, exposée globalement sud avec très peu de neige. Gandalf sorti alors son dernier atout pour nous coincer, une barre rocheuse. Très bien, on contourne et la descente se fini sur un fil de neige saupoudrée de gravier.

L’air de rien il est déjà 14h14 et c’est l’heure de la pause déjeuner. Une heure de portage plus tard pour contourner le lac de Morasco nous voilà à Riale, superbe petit village de fond de vallée. Vraiment, on s’arrêterai bien là !

Mais il reste le plus dure, 400m de remontée jusqu’au refuge Maria Luisa. Vu le terrain et d’après un guide rencontré sur la route la seule option est de passer par la route fermée, enneigée à 80%. Reste plus qu’à compter les dix prochains lacets, tenir le moral et admirer la vue… on a eu le temps !

Au final, bien content de voir le refuge à 17h17. De quoi rendre exquis deux petits plaisirs coupables : la première douche de la semaine et un bon verre de Spritz. Salute !

 

Jour 4 : Punta di Elgio en A/R depuis Refuge Maria Luisa

Aujourd’hui la météo ne sera pas clémente, mais l’objectif est défini, ou plutôt LES objectifs : pour l’ensemble du groupe ça sera la Punta di Elgio ; pour Gui-Gui un objectif bonus : passer entre les gouttes pour éviter la mutation.

Compte tenu des conditions météo et de la visibilité sur la course, la sortie évoluera en cours magistral de cartographie par Alex, pour le plus grand émerveillement des petits et des grands. Mais en attendant, tout commence dans un goulet derrière le refuge qui nous mènera au pied d’un mur et donc à un petit cramponnage de réveil de début de journée.

Poursuite de la course, carte à la main, regard aux aguets d’un quelconque indice jusqu’au moment fatidique où la boussole devint indispensable. On passe ce fameux Col à 2600m et commençons l’ascension de la seconde partie de la course sous la houlette d’Alex sur une croupe assez exposée. Puis après un petit lacet très bien négocié, nous rejoignons l’arête que nous ne quitterons plus jusqu’au sommet.

Les plus téméraires, feront les 3 derniers mètres de dénivelé en crampons pour atteindre l’ultime caillou du sommet et ainsi profiter d’une vue imprenable sur le brouillard. Les autres profiterons de cette même proposition, en dépeautant tranquillou…

Petit échange avec les touristes fraichement arrivés de la vallée et nous prenons le chemin du retour. Descente assez efficace, et même les zones assez plates, observées à la montée, se révèleront somme toutes assez descendantes pour le plus grand bonheur de tous les splitboardeurs du groupe.

Après une petite roulade arrière réception plat rocher, signe extérieur de satisfaction d’une journée bien remplie, nous traçons les derniers mètres nous séparant du refuge, de la douche et de l’énorme tradizionale primo piatto di pasta da Maria-Louisa.

S’en suit une après-midi à papoter plus ou moins à côté du poil à granules ; à étudier des itinéraires de retour… on en parle ou en parle pas ? Sans oublier le lancement improvisé du concours international de la chambre la moins isolée. Résultats Ex Aequo, avec un 9°C sur le lit et un petit 6°C près de la fenêtre.

Bref, encore une belle journée riche d’enseignements !

Claire.

Jour 5 : Refuge Maria Luisa – Fiesch

La météo joue les trouble-fêtes. La soirée est annoncée humide et vendredi fort maussade. C’est le dernier jour du raid.
Quid de l’itinéraire avec ce changement de programme ? La question est dans toutes les têtes. Nufenenpass ? Voilà tout l’enjeu. Nous parlons ici du Col de Nufenen ou encore du Passo della Novena. Il n’est pas question de parlementer sur les langues pratiquées par nos chers voisins suisses mais de toute la philosophie de cette fin de séjour. Deux options sont envisageables. Retrouver la vallée du Rhône via le Nufenenpass ou basculer vers le Tessin. L’enjeu est de faire une boucle quasi complète en ski ou rejoindre Airolo en échappatoire et finir le voyage en train.
Le brouillard s’est dissipé. La journée débute par une remonté du val Toggia en rive droite du lac éponyme. Clémence prend en main le groupe, nous progressons bien. Je me retrouve à essayer une roulade latérale au passage d’une cassure anodine mais gelée. Rien de très technique. Certainement l’envie d’imiter la classe de Claire de la veille. La trace se raidit quand nous quittons la piste pour prendre cap au nord dans la pente. J’ai de la peine à suivre. Je dois accuser une défaillance physique. J’entends Alexandre demander à la locomotive d’adoucir la trace, Clémence est en grande forme. Nous basculons en Suisse vers 2500m et descendons la valle Rossa recommandée la veille par un guide. La descente dont la raideur nous préoccupait se passe fort bien. Nous trouvons quelques restes de « bonne » neige et nous entournons les zones de falaises sans difficulté. Les virages s’enchaînent, le dénivelé est ravalé en quelques dizaines de minutes. Le point de rencontre avec la route en contre bas est défini. J’ouvre cette dernière section. Je prends un peu de vitesse pour rejoindre la route en surplomb du point bas de la vallée matérialisé par un ruisseau. Je repère mon point de passage, je passe une cassure de pente, j’enfourne les deux spatules, je bascule avant et finis une seconde fois par terre. Le compte rendu sera bien pour moi. Nous rejoignons la route du col, il est 10h45. Nous sommes en avance sur le programme. Nous avions pour objectif le bus de 14h34 à All’Acqua pour rejoindre ensuite Airolo. Arrivé sur la route, le Nufenenpass, sur notre gauche, semble nous appeler. Le timing est étrangement parfait pour l’hypothétique variante, l’enneigement pour rejoindre le col aussi. Mais la raison l’emporte. L’enneigement derrière est incertain et la fatigue accumulée depuis le début du raid ne joue pas en notre faveur. Nous partons donc à droite et redescendons la route enneigée. 250m plus bas et 15 minutes plus tard, l’arrêt de bus est rejoint, il est 11h15. Nous nous voyons attendre près deux heures quand nous nous rendons compte qu’un passage du bus est prévu pour 11h29. N’est-ce pas beau ça ?
La navette se présente pile à l’heure. Sans ticket et sans système de paiement à bord, le trajet sera gratuit. Le voyage pour Fiesch continuera en train avec deux connexions, via Goschenen et Andermatt. Les correspondances sont limpides, le matériel est bluffant à l’image du paysage entre 2 tunnels. Ce voyage en train clôture merveilleusement ce séjour. Nous cassons la croûte à Andermatt. Nous retiendrons l’image de ce Bouledogue avec sa grosse chaine en or face à nos 6 frenchies sur leur banc à pique-niquer. Nous reprenons le train et descendons la vallée du Rhône. La pluie fait son apparition une demi-heure avant FieschFiesch, 15h00, terminus, retour au point de départ.
Départ 8h10 du refuge Maria Luisa. 3h05 sur les skis. 285m D+. 870m D-. 10km. 4h pour rejoindre Fiesch en transport.
Merci
Jérôme

 

 

Catégorie: Vie du club, Ski de randonnée

5 commentaires

  1. Tutto va bene!

  2. Belle itinérance, équipe au top, photos qui donnent envie, compte-rendu enthousiasmant… c’est la perfection ! Bravo

  3. Souvenirs ,souvenirs :la remontée à Maria Luisa en fin de journée … c’était en 2013 !
    Dis Claire ,c’ quoi un poil à granules ? C’ comme un poil à gratter ?
    Ah oui un poële à granules !!! hihihi

  4. Bravo pour votre raid et ce super compte rendu, plein de souvenirs en tête et sûrement prêt à repartir

  5. Un commentaire très tardif que personne ne lira sans doute jamais, tant pis!
    Un classique du Gums ce raid que j’ avais proposé une première fois en 1999 ou 2000 et de nouveau en 2013, content de voir que la tradition se perpétue ! Plein de belles photos de ce coin que j’ aime bien, prises à quelques km de mes racines familiales, c’ est sympa de vous voir sur la route du col de la Nufenen que j ’emprunte tous les ans pour aller chez moi, la derniere fois c’ était en octobre 2021 à vélo, et sous la pluie !

Laissez un commentaire

Qui boit la gnôle .... casse la bagnôle !