Raid de 4j. dans le beaufortain… euh 3…

Publié le 13 février 2017 par Xav' W.

« D-Day »-7:
Suite au forfait « travail par dessus la tête » de Nico, la team encadrante est modifiée au pied levée avec Julian qui répond présent.
Et hop c’est parti: Check météo et des condis des différents massifs envisageables pour un raid hivernal. Le choix tomba assez rapidement: Le Beau beau Beaufortain!!!
Premier constat, ce sera un raid en total autonomie (refuges non gardés mais équipés de poêle, de gaz, de vaisselle, de matelas et de couverture). Le poids du sac est donc allégé des popottes, réchaud, duvet, tapis sol… Mais par quoi va t’on remplacer ces encombrants équipements pour tenir compagnie au matériel traditionnel de notre sac à dos? Ca serait dommage de voyager léger!
« D-Day »-1:
Ce dilemme du sac trop léger est résolu
Quelques indices:
– Mon premier est un doux breuvage à base de houblon
– Mon second se marie bien à ce breuvage à l’apéro
– Mon troisième est un met laitier bien de chez nous.
Et il nous en faut pour tous les soirs! (solution – cf. photo)

Puis le check météo est revu une dernière fois avant le dodo précédent le départ. Gros changement à priori pour le dernier jour du raid (le mardi): La prévision grand ciel bleu passe à nuage à tous les étages. Une prévision est faite pour changer non? Qui vivra verra ^^

D-Day (1350m D+):
Rdv à 6h00 au marquisat avant de passer récupérer le 4ème larron de ce raid sur la route. Quoi une sortie GUMS à 4??? Malgré le programme alléchant, le nombre de personne ne se bouscule pas au portillon! Que cela ne tienne, la fine équipe (Claire, Julian, Daniel et moi-même) est remontée à bloc au parking du Granier au dessus d’Aime. Direction la pointe de combe bénite puis le refuge de la Coire. Malgré le lestage des sacs, les montées se font à un bon petit rythme et les descentes sont agrémentées de bonne powpow mais aussi de neige un peu plus travaillé.
L’arrivée assez tôt au refuge permet de réserver quelques matelas pour la nuit. Et oui, en hivernal pas de réservation à l’avance… Les premiers arrivés sont les premiers servis. Au final, 20 personnes au refuge pour 14 couchages…

« D-Day »+1 (960m D+):
Après une longue nuit réparatrice mais fraiche, nous voila reparti pour une journée de « peaux ». Le soleil fait la tronche et fait la part belle à un beau plafond nuageux à plus de 3500m. La montée au col du coin délie les jambes et son atteinte nous donne un aperçu du joli bisolet qui augmentera en puissance sur le reste de la journée.
Le pseudo jour blanc disparaît rapidement lors de la descente vers Treicol et nous permet de profiter d’une neige bien agréable à skier ponctué d’arcosses, de menhirs et de bon plat descendant.
Et hop, il faut re-peauter en direction de la grande et petite berge. Tout se passe bien jusqu’à l’arrivée du point 1981. En effet, à partir de ce moment, le petit bisolet est remplacé par ses grandes sœurs!!! Rafales estimées entre 50 et 70km/h. Ce n’était pas du tout les condis annoncées par les prévisions. Toutes les crêtes visibles fûment sur notre itinéraire. Une petite pause restauration pour récupérer des forces se fait à l’abri du vent dans la bergerie idéalement situé à côté de ce point 1981.
Puis il faut repartir affronter le Blizzard et atteindre notre prochain refuge! Au vu des conditions, l’option 1 je trace à l' »iso » est vite abandonné (beaucoup trop risqué). L’objectif est de trouver l’itinéraire le plus « safe » pour rejoindre le plan de La Lai quitte à rajouter un peu de déniv.
Le cours de nivo est bien présent: Choix de zones offrant une faible quantité de neige mobilisable, pas de barre, pente acceptable… Dès le premier changement de pente un peu plus conséquent à franchir, je déclenche une jolie plaque à vent de 5m de large, d’environ 20-30cm d’épais qui vient mourir 20m plus bas sur le replat (environ 25-30° de pente max au changement de pente). Je ne suis ni coffré ni emporté. La descente est donc sécurisée sans incident. Ouf. La suite est un jeu constant de recherche de la plus faible pente avant de retrouver la dernière pente « à risque » de la journée. Idem, le choix se porte sur la zone mobilisant le moins de neige, et de courte durée. Tic tac tic tac, le temps file et on s’approche de la pente à risque… A environ 200m de la cible, le vent déclenche la plaque (40m de large, environ 20-30cm d’épais également et 15m de longueur avant de mourir sur le replat)… Soulagement de l’équipe mais malgré tout, on garde de la distance pour passer un par un dans la zone.
Arrivée au refuge du plan de La lai après une journée éprouvante.
Pas de répit pour les braves: Atelier bucheronnage et feu de camp avant la préparation de l’apéro et du diner.
Puis vint la discussion des jours à venir: A l’unanimité, on condense les 2j. en 1 en simplifiant l’itinéraire prévu. Sauf si on arrive à un moment à récupérer des infos météo plus fraiches et rassurantes sur le mardi et dans ce cas on couche au refuge de Presset comme prévu.

« D-Day »+2 (1105m D+):
Départ à 7h00 du plan de la lai en direction de la combe de la Neuva pour rejoindre le col du grand fond et le refuge de Presset juste derrière.
Le bisolet est toujours présent mais son grand frère nous fout la paix. On monte tranquillement cette magnifique combe mais qui peut s’apparenter à un » rocher des enclaves » de part sa déclivité. Heureusement, on ne va pas redescendre par là :).
Arrivée au col du grand fond! Et miracle, on peut se « connecter au monde ». Il y a du réseau pour la première fois du raid et même de la 4G!!! Du coup, point météo et sms pour rassurer les proches.
La décision de la veille est confirmée. Demain, c’est 50km/h de vent avec l’immense joie de skier avec un visu digne de Gilbert Montagné. Le risque est trop grand. L’équipe a assez de jus pour encaisser le retour à la voiture. Après un bon gros gueuleton sur la terrasse du magnifique refuge de Presset, on attaque la descente finale en mode ski de printemps (moquette à poil long). La fin se résume par des pentes faibles, de beaux plats, le tout parsemé de petites montées afin de vérifier l’état des ressources physiques et mentales restantes de l’ensemble des participants.

Pour résumer:
– Un bien beau raid avec une équipe de choc.
– Une très bonne école de la vie et de la gestion du risque en montagne
– de bon moment de partage entre nous mais également avec nos camarades de soirée dans les refuges.
– de grandes discussions avec des mots tels que « débonnaire », « velléité », mais aussi de grand débat philosophique sur « sporadique ou sport addict? » mais aussi quelques questionnements très poussés tels que  » Combien y-a-t-il de diner sur un raid de 4 jours? »

Xavier

Catégorie: Ski de randonnée

4 commentaires

  1. Ce n’est pas que l’on recherche les conditions dures, mais lorsqu’on les rencontre force est de constater qu’elles donnent souvent des ambiances particulières et des paysages forts. Les photos dans le vent sont belles. Les autres aussi d’ailleurs!
    Et douze bières pour quatre. Respect. Il y a une âme dans cette équipe là 🙂
    Bravo pour la gestion des conditions et pour ce compte-rendu.
    PS: vent aussi au Rocher des Enclaves – Cf CR sur le site – et avalanches dans les Aravis – Cf skitour.

  2. Pauvre Claire vous avez eu raison d elle!
    Beau raid et bonne gestion des conditions météo particulières ! Daniel était bien sèche!

  3. Pour celles/ceux qui avaient participés au raid Gd Paradis 2016, souvenez la dernière étape qui allait de là à de là d’Ouest en Est :une bien belle bambée !!Et bien le jour 3 de ce raid Beaufortain 2017,on est allé de là à de là du Nord au Sud :une belle bambée de 20 km!!
    Bravo et merci aux co-équipiers .

  4. bouhhh ça fait froid dans le dos ce CR !!! Contente que vous soyez rentrés les amis 😉 Vous avez assurés…

Laissez un commentaire

Qui boit la Chartreuse... emballe la Skieuse !